Après plus de 20 ans dans différents groupes internationaux et holdings, j’ai toujours eu le souci du développement de mes collaborateurs et d’être la co-auteure de leur émancipation. Mon travail a toujours consisté à répartir les taches et assurer l’organisation des services dont j’ai eu la charge. Les contours de mes fonctions ont toujours été poreux, et très vite j’ai dû endosser la casquette RH, et ainsi déployer la politique des entreprises que j’ai servi. Garantir l’application des règles en vigueur, accompagner leur évolution organisationnelle, gérer les effectifs, piloter et coordonner ont été mon quotidien.
Malgré cette autonomie opérationnelle, le décalage entre les décisions stratégiques et la réalité du terrain devenait inquiétante, voire parfois grotesque, compte tenu des contraintes de plus en plus importantes de nos sociétés ultra-libérales, et du malaise profond des salariés qui s’aggrave depuis le COVID-19. La maîtrise incontestable des dimensions techniques des métiers RH ne suffit plus, l’interdépendance des événements requiert des compétences nouvelles, ainsi qu’une nouvelle doctrine, si on veut faire face au désordre (entropie) systémique que nous subissons de plus en plus. Aussi bien sur le plan social, économique, environnemental que culturel.
Dans ce contexte, développer, et transmettre une approche systémique me semble une solution appropriée. Les organisations et les organismes vivants sont des systèmes ouverts dont le perpétuel échange de flux d’informations les transforment en permanence. Notre management surannée est incapable d’aborder les notions d’état de « non équilibre » de nos systèmes, à partir du moment où ses modèles sont, par définition, figés.
La révolution technologique a remis au goût du jour la pensée héritée de Norbert Wiener d’une société de l’information. L’étude des échanges d’informations est une méthode d'analyse de ces phénomènes qui permettent de mieux comprendre les logiques des communicants. Dans la pratique, le champ proposé par la cybernétique est très étendu et n’entre pas dans le cadre d’une seule discipline. Elle s’articule autour de plusieurs domaines, aussi bien de la physique, des mathématiques, de l’informatique, de la biologie, en passant par les neurosciences ou l’intelligence artificielle. L'approche cybernétique d'un système consiste en une analyse globale des éléments en présence, et surtout de leurs interactions qui a pour but de stabiliser les systèmes (organisation et individu). La communication, le signal, l'information, et la rétroaction sont des notions centrales de la cybernétique et du courant de pensée de l’école Palo Alto. Mes stratégies d’intervention visent à modifier les interactions qui maintiennent le problème au sein des systèmes concernés. Mon travail de consultante (thérapie brève) consiste à amener les individus et les organisations à renoncer à leurs tentatives de solution infructueuses et de modifier leur vision du problème par des recadrage ou par le biais d’expériences nouvelles.